Chères et chers Membres et Amis,
Tout en vous souhaitant un bon mois d’août nous vous remercions de votre attention sur ces nouvelles du travail qui se poursuit sans interruption sur les divers fronts d’intervention.
1° Syrie :
Les calamités naturelles s’ajoutant à celles imputables à la main de l’homme, l’été est d’une chaleur accablante en Syrie. Cet ensemble d’adversités n’en finit pas d’éprouver la majorité de la population sinistrée par tant d’années de guerre, d’exils à travers le pays, de difficultés extrêmes pour simplement survivre.
En juillet notre équipe a pris en charge 21 nouveaux bébés s’ajoutant aux 54 précédemment identifiés et aidés avec un supplément nutritionnel, dont Amir sur cette photo. Sa famille a dû fuir les combats sévissant à Idlib pour se réfugier dans la région où nous travaillons. L’unique revenu du foyer provient des piécettes que le père gagne en préparant des sandwichs dans deux kiosques.

2° Ukraine :
Selon les vérifications faites par l’ONU, au 1er août douze mille deux cents civils ont été tués ou blessés depuis le début de l’invasion.
Du 1er au 9 août en passant par la Moldavie puis par Odessa, Mike a pu se rendre à Kharkiv pour y soutenir notre partenaire et ami Gennady, et évaluer la suite du travail de secours aux sinistrés, que nous y poursuivrons bien sûr. L’escale à Chisinau a permis d’échanger avec nos partenaires de Transnistrie et de Moldavie. Ces contacts ont permis de faire le point tant sur l’aide d’urgence procurée aux déplacés & réfugiés Ukrainiens que sur l’action de secours et de défense de victimes du trafic d’êtres humains dans chacun des 3 pays.
Extraits du carnet de notes de voyage
« Une bonne part du million et demi d’habitants de cette seconde ville d’Ukraine ont fui ; Kharkiv tourne au minimum vital, des quartiers entiers que j’avais connus grouillant de monde sont désertiques aujourd’hui.
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Hier dans la nuit (4 au 5 août) j’ai compté quatre explosions de missiles ayant frappé le quartier Pavlovopolia, à quelques mille mètres environ de là où je dors. On parle de trois personnes évacuées vers l’hôpital mais sans qu’on sache encore à cette heure si elles étaient mortes ou vives. Bogdan me dit que trois autres roquettes ont touché un quartier nord de la ville ; pas d’infos quant aux victimes, s’il y en a.
La « routine » de l’armée russe est, depuis un mois, de bombarder Kharkiv surtout les nuits, avec comme objectif d’effrayer les habitants, en tuer aussi au passage, et de semer davantage de désordre pour affaiblir la résistance.



Le dépeuplement de la ville ne cesse de me surprendre. Photo de mes deux collègues : depuis 2011 en venant ici chaque année j’ai toujours connu cet endroit du métro noir de monde, des milliers de voyageurs s’y croisant chaque jour. Maintenant, on les compte sur les doigts d’une main.

On estime que 80% de tous les commerces de la ville ont dû fermer depuis le début de la guerre. Autant d’emplois anéantis du jour au lendemain. Autant d’incontournables difficultés d’approvisionnement en quoi que ce soit.
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Oxsana O… and Nikolai T… incarnent exactement ce pourquoi Vivere s’est engagé voilà dix-huit ans à combattre le trafic d’êtres humains et en défendre les victimes.
Trois ans d’esclavage pour Oxsana. Sept ans pour Nicolaï. Les deux comme tâcherons en milieu agricole, voués aux travaux les plus durs et les plus ingrats. Sans aucun salaire, zéro, sur toute la durée de leur sujétion. Mal traités, nourris de résidus, pas soignés. Captifs.
Leur exploiteur et bourreau, un dénommé Manchian, est en état d’arrestation. Nous portons la plainte en justice en visant une condamnation la plus sévère possible ainsi qu’une compensation significative pour les victimes. Dans un contexte de corruption gangrenant tellement de niveaux du judiciaire, on n’est sûr de rien quant au résultat.
De toutes façons qui donc pourrait réparer les vies déchirées de Oxsana et de Nicolaï ? … comment, et avec quoi ?

Héros du métro : la chance m’a permis de parler longuement avec une femme cheffe de station ‘Maidan constitution’, Liudmila, et plus tard avec Victor spontanément reconnu comme leader de la station ‘Historical museum’ qui, chacun à sa manière, ont organisé l’accueil de milliers de sinistrés dans les couloirs, les plateformes et les wagons du métro depuis le 24 février jusqu’au 15 mai. Épique. Aussi puissants dans l’action que modestes, presque effacés, dans leur façon d’en rendre compte. Dans les parages il y a pas mal de démons ; mais quand on cherche des exemples à suivre faut pas, non plus, aller très loin.

À Kharkiv, tous les sixièmes sens des gens guettent la survenue d’explosions : où frappent-ils à présent ? au centre-ville ? banlieue nord, sud, est, ouest ? les impacts successifs se rapprochent-ils de là où on est, s’éloignent-ils ? en fonction de quoi où est la cave la plus proche, ou la bouche de métro, ou le parking souterrain ? y aura-t-on du réseau pour appeler ses proches ? y aura-t-il au moins de l’eau à disposition ? Avec l’expérience de ces cinq mois de guerre les esprits ont mentalisé un ordonnancement de ces critères vitaux qui deviennent des réflexes conditionnés.
Correction de ce que j’écrivais hier : si comme d’habitude au moins quatre missiles ont été tirés sur les quartiers sud de la ville dans la nuit du 5 au 6, aujourd’hui en plein midi avec mes compagnons nous avons compté six grosses déflagrations en bordure Est de Kharkiv. Là où nous étions dans la rue tous les passants se sont instantané figés en tournant le regard dans la même direction. Aucune panique. Juste : pleinement aux aguets.
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Réflexion d’un soldat en permission : « au front, dans nos rangs, on s’en fiche de savoir qui parle Ukrainien ou Russe. Ce qui nous préoccupe est de savoir qu’est-ce qu’il y aura dans notre gamelle ce soir ».
Avant de partir j’avais cru comprendre que le gouvernement de Kiev venait d’interdire toute vente de littérature et publications en langue russe, mes collègues nuancent en disant que c’est seulement un projet de loi. Ils conviennent avec moi que ce serait une grave double erreur : a) blesser culturellement les millions d’Ukrainiens russophones ; b) fournir un argument de plus au Kremlin qui prétend que cette guerre est menée pour exterminer les ‘‘fascistes oppresseurs des russophones en Ukraine’’.
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Toute la matinée est occupée à apporter & distribuer des vivres aux déplacés/sinistrés que Gennady avait commencé d’aider dans les couloirs du métro, et qui ont été transférés ailleurs à partir du 15 mai où l’évacuation des tunnels a été ordonnée par les autorités. En l’occurrence, Gennady a décidé de suivre deux groupes avec enfants en bas âge qui ont provisoirement été relogés dans des cités universitaires vidées de leurs étudiants. Les bâtiments de neuf étages sans ascenseur sont décrépis mais les intérieurs sont tenus propres et sains grâce à une discipline collective remarquable je trouve. Des familles réfugiées du Donbass côtoient en harmonie d’autres gens venus des quatre coins de l’Est du pays. Chaque cellule abrite 4 à 6 personnes, équipée de lits à deux étages, de simples tables et chaises en nombre insuffisant. Mais c’est décent.
La camionnette d’une association locale de cuisiniers bénévoles livre une énorme marmite de nourriture chaude, d’évidence généreux, et d’évidence en quantité indigente vu que la cage d’escalier compte plus de deux cents occupants. Style : on mange une fois tous les trois jours. Dans ce contexte, les colis alimentaires de Vivere sont bien sûr appréciés mais là aussi il n’y en a pas pour chaque étage…
Autant de ‘bénéficiaires’ sur la liste de distribution de Gennady, autant de haltes pour écouter leurs histoires, leurs appréhensions quant à l’avenir. Poignant.




Plusieurs parmi ces victimes des bombardements que nous rencontrons viennent de Saltovka, quartier sud de la ville, subissant jusqu’à aujourd’hui le feu continu de l’agresseur depuis le début des hostilités. Je tiens à m’y rendre, proposant à mes camarades d’y aller seul mais ils sont volontaires à m’y accompagner.
En résumé :
- Des cinquantaines de barres d’immeubles d’habitation de construction récente sur une vaste étendue plutôt agréablement aménagée, espaces verts, etc. Aucune installation militaire ni administrative qui pourrait ‘justifier’ le pilonnage incessant. Rien que des bâtiments et maisons résidentiels.
- Quasi sans exception, chaque construction présente un ou plusieurs impacts de roquettes ou d’artillerie lourde. Trous béants dans les façades, parois calcinées sur plusieurs étages, toitures défoncées, poutrelles tordues, amas de débris.
- Les dizaines de milliers d’habitants de ce quartier ont déserté leurs logements. Les rues sont vides, ni véhicules ni piétons, rien, personne. Fantomatique, tandis que le ciel d’aujourd’hui est d’azur et que le soleil inonde la région généreusement. Où sont passés tous ces gens ? vers quelle solution de fortune, vers quel destin ?

Assez à regret j’ai du grimper ce soir dans le train de retour sur Odessa.
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Toutes les fenêtres de tous les wagons sont couvertes de ruban adhésif pour limiter la dispersion d’éclats de verre sur les passagers en cas de projectile ou de shrapnel tiré par l’agresseur. »

À ce stade et sous toute forme possible, il nous faut continuer à aider et soutenir ces personnes !
3° Réfugiés Ukrainiens en Pologne, région de Cracovie :
Tout aussi inlassablement, avec le ressource que vous avez confiée à Vivere, Olga poursuit l’aide alimentaire et en articles de première nécessité aux mères seules avec enfants à charge qui ont dû fuir pour se protéger au-delà de la frontière.

4° Moldavie, village de Costesti:
Avec retard dont nous nous excusons voici le résultat de notre récente opération secours d’hiver auprès de personnes âgées abandonnées et sans autre recours pour se chauffer et se nourrir durant les mois glacés de fin/début d’année : 55 gros colis de denrées de base à autant d’attributaires, et 23 bénéficiaires de bois de chauffe (1,5 m3 chacun). Geste certes simple, mais qui préserve des vies.

5° URGENT : nous cherchons un-e Comptable – trésorier/ère bénévole
pour les tâches suivantes :
- paiements bancaires en Suisse et hors de Suisse, souvent avec un critère d’urgence
- saisie et suivi de la comptabilité analytique ( sur application WinEUR GIT qui est fournie), avec soutien de la Fiduciaire, préparation du bouclement annuel avec validation par la Fiduciaire
- suivi des cotisations annuelles (pas de facturation), émission et envois des attestations annuelles
- participer aux séances trimestrielles du comité de Vivere, faire toutes propositions pour maintenir notre gestion financière au meilleur niveau.
Une description précise des fonctions est à disposition, pour tout renseignement ou pour postuler directement (avec lettre de motivation) merci de bien vouloir nous contacter par email : contact@vivere.ch
6° Date à retenir :
Vivere sera de nouveau présent lors du Marché de Noël solidaire du 15 au 17 décembre (Pôle Sud-Fedevaco), Lausanne. Prière et merci de bien vouloir garder cette date où votre présence sera très appréciée.
Nous vous remercions de votre attention.
Le comité de Vivere